J’AI DES VISIONS au Théâtre A La Place // Place de L’Yser à Liège // Horaires des séances ci-dessous
J’ai des Visions montre des films dans des lieux. Et tout se passe dans cette relation entre le lieu et le film : des rencontres, de la poésie, de la réflexion. En somme, du sens.
La place de l’Yser est dans notre collimateur critique depuis nos débuts. D’avoir habité l’Outremeuse, de s’y promener et de l’aimer comme aucun quartier de cette ville, nous savons qu’il y faut un espace de respiration. Avec le Théâtre à la Place, occupant spontané de la friche, restons attentifs au devenir de cet endroit et privilégions-y toujours la vie, contre grilles, espaces privatisés et surveillances…
Au théâtre, nous y sommes. Les relations entre théâtre et cinéma sont énormes évidemment, l’un se nourrissant sans cesse de l’autre. Le chemin du cinéma se lisant souvent comme une émancipation par rapport au théâtre, nous avons voulu en prendre le contre-pied et explorer, se rappeler tout ce qu’il y a de bon dans le théâtre, et rendre hommage au cinéma qui s’en sert et s’en inspire. Mais aussi, très simplement, nous avons voulu nous faire du bien…
18h30 : QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT – Enfants admis !
E.-U., 103′, 1988, de Robert Zemeckis, avec Bob hopskins, Christopher Lloyd et des toons…, VF.
A la fois hommage et satyre, Roger Rabbit est un film aux lectures et aux plaisirs multiples. Il évoque les films des années 40, d’abord : les enquêtes à la Chandler, tarabiscotées et vicieuses, où personne ne dit ce qu’il pense, ni ne fait ce qu’il dit… Il rappelle le deuxième age d’or de l’animation américaine ensuite : les personnages animés troubles d’avant le code de censure Hays, Tex Avery en tête.
C’est aussi un splendide retour de ce genre trop rare qui mêle personnages animés et acteurs réels, et qui ne fait pas l’impasse sur ce thème-là même, en en faisant le ressort principal de l’intrigue. Et enfin, c’est un film pour le plaisir, enfants admis et invités, qui cumule les délices d’un excellent souvenir pour ceux qui l’ont vu à sa sortie en salle, ou entre potes devant une VHS, et celui d’un bon moment de divertissement.
Tout est là pour bien commencer la soirée!
20h30 : THE SERVANT
UK, 112’, 1963 de Joseph Losey avec Dirk Bogarde, Sarah Miles, James Fox, VO st fr.
Première de trois fructueuses collaborations entre le cinéaste américain Joseph Losey, exilé en Grande-Bretagne pour fuir les foudres maccarthystes, et le dramaturge anglais Harold Pinter, The Servant met en scène un drame relevant à la fois de la lutte de classes et de l’épreuve de force entre individus: l’évolution vertigineusement malsaine des relations entre un jeune aristocrate, fraîchement installé dans une belle demeure londonienne, et son domestique. Pervers et étouffant huis-clos où, entre la caméra impitoyable du réalisateur, la plume lapidaire du dramaturge et l’immense talent de Dirk Bogarde, se dessine dans un noir et blanc glacé une réflexion immorale sur les rapports de pouvoir et de dépendance et sur l’occupation insidieuse de l’espace. De ce bras de fer oppressant émergera la puissance de qui touche et façonne le monde de ses mains et l’impuissance de qui en jouit, mais lui est foncièrement étranger.
22h30 : THEMROC
France, 106’, 1973 de Claude Faraldo avec Michel Piccoli, Béatrice Romand, et la bande du Café de la Gare (Miou-Miou, Dewaere, Coluche, etc., etc.)
Themroc est un OVNI qu’on se prend comme une tempête de cris libertaires (au sens propre et figuré). Quasi-introuvable, c’est pourtant Michel Piccoli qui y incarne le personnage principal, un homme des cavernes urbain, accompagné dans son délire anti-confomiste et excité, par toute la bande du Café de la gare (clin d’œil aux hôtes de cette soirée). Public averti, venez croquer une expérience cinématographique politiquement incorrecte (possibilité de dégustation par morceaux ou d’expérience totale !)